David Altmejd au Musée d'Art Moderne - Flux
S'immerger dans l'univers de David Altmejd, c'est, avant tout, accepter de plonger lentement dans les méandres et les torsions de l'esprit humain, retracer un parcours aux frontières du rêve et du cauchemar où l'ampleur côtoie l'exiguïté, où l'horreur le dispute au sublime. Peuplées de créatures hybrides, mutilées ou évidées, les installations du sculpteur québécois s'élèvent au-delà du simple cabinet de curiosités : elles dessinent un monde interconnecté où quelques bobines de fils relancent le « flux », permettent aux énergies de circuler à nouveau.
La Chambre d'hôte (2010)
Naviguant
au cœur de l'exposition, le visiteur s'impose comme la dernière
pièce manquante au tableau, un élément apte à recréer une unité,
à élaborer un pont entre chaque salle. Cerné, dès son entrée,
par une myriade de miroirs, il est perpétuellement sollicité,
renvoyé à sa propre image tandis qu'il se perd dans une étendue
labyrinthique où se dressent d'éblouissants Géants.
Ceux-ci, parfois privés de cœur, de cerveau ou d'organes génitaux,
se heurtent, avec lui, à des reflets impactés ou brisés. Pourtant,
sous leurs abords écorchés, ces figures cabossées révèlent la
dimension ludique de l’œuvre : ce n'est pas une fascination
morbide pour la dégénérescence de la chair qui anime l'artiste
mais plutôt un émerveillement pour la régénération du corps,
devenu un siège d'expérimentations.
La Palette (2014)
Cette idée de reconstruction, de renaissance se retrouve dans la série Bodybuilders où ces êtres de plâtre semblent vouloir s'extirper de leur matière en symbolisant l'incessant ballet de la création. Chez David Altmejd, on ne s'attarde pas sur la destruction ; au contraire, on cherche à recomposer sans cesse, à faire rejaillir la vie à l'infini. Cela se traduit également dans d'impressionnantes structures en plexiglas dont The Flux & The Puddle représente un sommet de grâce et de minutie. Alliant la dureté et l'onirisme, elle aiguise notre regard en devenant un espace de sidération dont nos yeux ne peuvent extraire que quelques parcelles isolées. Plus encore, The Flux & The Puddle nous rappelle qu'il est impossible de saisir toutes les subtilités d'une œuvre nous forçant ainsi à reconnaître notre impuissance et notre stupéfaction.
The Flux & The Puddle (2014)
Stimulant,
fourmillant d'innovations, porté par un élan singulier, le travail
de David Altmejd demeure éloigné de toute pulsion mortifère. Par
le choix de ses matériaux, l'intelligence de ses associations et un
sens du détail galvanisant, il évoque surtout une célébration de
l'existence en réinventant un processus de métamorphose où rien ne
meurt, tout se transforme.
Céline Bourdin.
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Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson (16ème arrondissement)
11 avenue du Président Wilson (16ème arrondissement)
Jusqu’au 1er février 2015
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Plein tarif : 7 € / Tarif réduit : 5 €
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Plein tarif : 7 € / Tarif réduit : 5 €
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Photographies : © Céline Bourdin.
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